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Chaire sécable de l’IISMM-EHESS | Professeure invitée : Deniz Beyazit (Metropolitan Museum of Art)

 

Deniz Beyazit

Chaire : sécable de l’IISMM
Site(s): Page web
À télécharger : Affiche
 

Deniz Beyazit participe au Programme professeures / professeurs invités de l’EHESS sur proposition de Anna Caiozzo (Université d’Orléans) et Frédéric Hitzel (CNRS, CETOBaC) dans le cadre de la chaire sécable de l’IISMM.

 

Présentation

Diplômée de la Sorbonne à Paris (2009), Deniz Beyazit est conservatrice au département d’art islamique du Metropolitan Museum of Art, qu’elle a rejoint en 2010. Elle a publié de nombreux ouvrages, donné des conférences et des cours sur divers aspects de l’art et de l’architecture islamiques. Elle a assuré le commissariat de nombreuses expositions et installations, notamment en tant que co-commissaire de l’exposition Court and Cosmos: The Great Age of the Seljuqs en 2016. Elle a été conservatrice consultante pour l’exposition Stories of Syria’s Textiles: Art and Heritage across Two Millennia au Katonah Museum of Art (2023). Depuis 2018, elle codirige le projet de recherche From West Africa to Southeast Asia: The History of Muhammad al-Jazuli’s Dala’il al-Khayrat prayer book (15th – 20th centuries), sur l’histoire globale du Dala’il al-khayrat de Muhammad al-Jazuli, un cycle de prières pour le Prophète Muhammad. Ses projets actuels comprennent une exposition à venir sur l’Orientalisme (organisée conjointement avec Dr. Maryam Ekhtiar et Dr. Asher Miller).

 

Conférences

Orientalismes entre Paris, Le Caire et Istanbul

Une série de trois conférences présentera la recherche en cours et le travail de préparation sur une exposition ayant pour thème l’Orientalisme qui aura lieu au Metropolitan Museum de New York en 2026.

L’exposition « Orientalisms » mettra l’accent sur les rencontres culturelles et les dialogues artistiques entre l’Orient et l’Occident au cours du XIXe siècle. Elle explorera comment des artistes majeurs, notamment des peintres français tels que J.-A.-D. Ingres, Eugène Delacroix, Jean-Léon Gérôme ainsi que le polymathe ottoman Osman Hamdi Bey représentaient le Moyen-Orient. Elle mettra également en avant les arts décoratifs. L’exposition ne sera pas monographique et n’aura ni pour but d’être une étude exhaustive. La présentation traitera le sujet de manière plus ciblé et nuancé, d’où le pluriel « orientalismes ».

Première exposition consacrée à l’orientalisme jamais organisée au MET, le projet a été déclenché par une étude approfondie du l’œuvre emblématique Bashi-Bazouk réalisée en 1868-1869 par le peintre français Jean-Léon Gérôme, une composition évoquant l’image du portrait et représentant un mercenaire ottoman noir. Des liens directs relient le peintre et ce tableau aux artistes mentionnés ci-dessus, ainsi qu’à des contemporains importants tels que le pendant ottoman de Gérôme, Osman Hamdi Bey, et le marchand d’art Adolphe Goupil, qui était également le beau-père de Gérôme. L’accent sera mis sur ces trois figures clés et sur les processus artistiques de création de l’art orientaliste qui nous permettra de raconter une histoire originale et multiforme au cœur de l’Orientalisme. Ces hommes ont été parmi les principaux acteurs diffusant le goût pour les objets islamiques, célébrant leur raffinement et leurs effets esthétiques étourdissants en les collectionnant, en les incorporant dans des peintures en tant qu’accessoires et en servant de canal aux collectionneurs et aux musées. De cette façon, le projet d’exposition propose d’élargir le thème de l’orientalisme au-delà de la peinture de chevalet pour montrer comment l’admiration pour les techniques sophistiquées maîtrisées dans le monde islamique a inspiré et transformé l’art et le design en Europe et en Amérique. Cependant, plutôt qu’une étude exhaustive de l’orientalisme, le projet propose une approche ciblée du sujet de l’observation des arts venant des géographies éloignées qui soit plus nuancée de celle « à sens unique » typiquement offerte par le modèle traditionnel de l’orientalisme. Le parcours abordera de multiples questions sur les différences ethniques et raciales, le genre, les relations de pouvoir et les attitudes colonialistes au XIXe siècle, révélant que les Ottomans et d’autres Moyen-Orientaux étaient également des participants actifs dans le discours orientaliste.

Cette conférence – la première d’une série de trois – présentera le concept général de l’exposition, les thèmes clés qui traversent le contenu et son organisation et division en grandes sections. Étant donné que la sélection des objets de l’exposition comprend de nombreux exemples venant de plus de dix départements du Metropolitan, cette conférence offrira également l’occasion d’explorer les riches collections du musée. Seront abordées les études anciennes et la recherche plus récente sur l’orientalisme, ainsi que les défis de muséologie et de mise en scène chorégraphique auxquels nous sommes confrontés pour répondre aux attentes des visiteurs.

  • Jeudi 30 janvier 2025 de 14h à 16h – Salle B03_18, IISMM, EHESS, 54 Bd Raspail 75006 Paris
  • Dans le cadre du séminaire « Entre Orient et Occident. Art, archéologie et images » animé par A. Caiozzo, F. Hitzel, et G. Sidéris

 

Objets d’admiration et de luxe : l’art médiéval des métaux incrustés

L’art du métal incrusté islamique a prospéré pendant plusieurs siècles, d’environ 1100 aux années 1400 environ, créée dans divers ateliers entre Hérat en Afghanistan et Le Caire en Égypte. À partir des années 1220, l’artisanat s’est développé comme une forme d’art à Mossoul, en Irak, d’où il s’est répandu en Syrie, en Égypte et ailleurs. Mêlant des compositions géométriques et végétales complexes à une calligraphie fine ou à une imagerie expressive, les artisans de Mossoul ainsi que ceux travaillant dans le style de l’école qui s’y est développée (al-Mawsili, ou « de la ville de Mossoul ») ont créé des compositions complexes avec des incrustations d’argent, souvent avec des reflets d’or ou de cuivre obtenant des effets polychromes comparables à ceux de la peinture des manuscrits. Ces objets luxueux ont été très appréciés pour leur aspect de surface scintillant et prenaient une place importante parmi le mobilier et l’équipement du ménage de l’élite dirigeante du monde musulman. Ces objets servaient pour impressionner le public et l’entourage lors des festivités et des cérémonies à la cour. Parmi les cadeaux privilégiés dans l’échange diplomatiques, ces trésors artistiques ont largement circulé dans le monde islamique et au-delà en Europe, en Afrique subsaharienne et probablement même en Chine.

Cette conférence est axée sur l’histoire des arts du métal incrusté islamique. Présentés seront les aspects techniques et les principales évolutions stylistiques ainsi que le développement des écoles connues « Khurasani » et « al-Mawsili » par exemple. Au cœur de notre interrogation se trouvera le thème de la circulation de ces objets de luxe, l’admiration et l’appropriation de ces objets de la part des membres de l’élite régnant. La discussion sera axée sur l’étude des objets et comprendra des exemples du Metropolitan Museum of Art de New York, ainsi que d’autres collections, telles que l’aiguière de Blacas au British Museum de Londres, le bassin de Saint Louis du Musée du Louvre, ou l’aiguière de Hérat au Musée National de Géorgie à Tiflis.

  •  Lundi 3 février 2025 de 10h à 12h – Salle 56, LLSH, Université d’Orléans, 10, rue Tours, La Source.
  • Dans le cadre du séminaire d’Histoire médiévale

 

Le Colonialisme comme catalyseur de l’art et du design

La deuxième conférence sur les « orientalismes » montrera le rôle central que prennent les objets islamiques dans le développement des orientalismes. La présentation se concentrera sur les échanges culturels, les transformations de l’art et du design, catalysées par l’expansion coloniale, le commerce transatlantique sans précédent, les voyages et l’exploration au Moyen-Orient. Au centre seront présentées les expositions universelles internationales, où les nations tentaient de montrer leur richesse et leur puissance.

Ces foires ont également servi de plates-formes où les objets islamiques ont été exposés et vendus aux collectionneurs et aux artistes, formant rapidement les bases des collections de grands musées tels que le Met, le V&A, le British Museum, le MAK (Museum für Angewandte Kunst) à Vienne, ou encore le musée des Arts Décoratifs à Paris. C’est une période ou le goût pour l’art islamique s’est accrue, célébrant ses raffinements et son esthétique éblouissante. Beaucoup de ces objets ont été collectionnés par des artistes et des designers. Ils ont été utilisés par les artistes comme accessoires dans la mise-en-scène des peintures orientalistes et ont servi d’inspiration aux designers et aux artisans d’Europe et d’Amérique. Impressionnés par leur beauté et leur savoir-faire technique, les orfèvres, les verriers et les céramistes européens et américains ont commencé à imiter les objets islamiques. C’était une période d’évolution technique et de transformation stylistique dans le design, allant de pures émulations à des inspirations expérimentales d’artistes et de designers tels que Brocard, Tiffany, Moore, Dresser et Deck.

  • Le jeudi 6 février 2025 de 14h à 17h – Salle B03_18, IISMM, EHESS, 54 Bd Raspail 75006 Paris
  • Dans le cadre du séminaire « Entre Orient et Occident. Art, archéologie et images » animé par A. Caiozzo, F. Hitzel, et G. Sidéris

 

Osman Hamdi Bey “l’Orientaliste de l’Orient”

Un point fort de l’exposition est d’équilibrer les perspectives occidentales avec celles du monde islamique. Dans ce contexte, la figure ottomane d’Osman Hamdi Bey joue un rôle essentiel. Osman Hamdi Bey sera présenté comme un homme aux réalisations diverses : artiste, diplomate culturel, érudit, polyglotte et fondateur du premier musée d’art d’Istanbul. Après avoir étudié la peinture avec Gustave Boulanger, il s’est immergé dans la scène artistique parisienne. Les peintures de Osman Hamdi Bey, dont beaucoup utilisent des images métaphoriques, seront montrées en dialogue avec des peintures de Jean-Léon Gérôme et d’autres contemporains français. Cette approche comparative permettra de mettre en valeur l’approche singulière de ce peintre ottoman dans la mise en scène d’une peinture orientaliste, distincte de celle de ses homologues français. Des constellations d’objets, y compris des costumes et des accessoires ainsi que des photographies (de lui-même et de ses proches mises en scène dans un mode orientaliste) montreront comment un peintre ottoman formé en France a su créer un style hybride unique dans des peintures. Ces ensembles mettront en avant la contribution active à l’Orientalisme de la part d’un orientaliste du Moyen-Orient – un orientaliste ottoman de l’intérieur – et permettra d’élargir le discours orientaliste.

  • Jeudi 20 février 2025 de 14h à 16h – Salle B03_18, IISMM, EHESS, 54 Bd Raspail 75006 Paris
  • Dans le cadre du séminaire « Entre Orient et Occident. Art, archéologie et images » animé par A. Caiozzo, F. Hitzel, et G. Sidéris

 

Affiche en PDF

 

À retrouver sur le site de l’EHESS
À retrouver sur le site de l’IISMM


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Chargé de diffusion scientifique (7 janvier 2025). Chaire sécable de l’IISMM-EHESS | Professeure invitée : Deniz Beyazit (Metropolitan Museum of Art). IISMM. Consulté le 13 février 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/1316f


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